22

Valentina ne rentra pas directement chez elle. Elle en était incapable. Jens la fit monter dans un drojki et la conduisit chez lui, conscient de l’inconvenance de la situation. Une jeune fille sans chaperon, après la nuit tombée… Aucun des deux n’était de force à affronter les regards dans un lieu public tant Valentina était échevelée et souillée.

— Laisse-moi te sécher les cheveux…

Elle était assise dans un profond fauteuil qui semblait engloutir sa frêle silhouette. Lorsqu’il s’approcha avec une serviette, elle leva enfin vers lui ses yeux sombres. Il respecta son silence tout en lui ôtant ses épingles pour caresser ses longues mèches humides qui soulignaient la forme parfaite de son crâne. Il descendit jusqu’aux pointes qui s’enroulèrent autour de ses doigts.

Ce moment était plus intime qu’un baiser. De temps à autre, les mèches s’écartaient pour révéler son cou pâle et gracile. Il prit la jeune fille par le menton. Elle ne dit pas un mot et se laissa faire sans protester.

Quand elle eut les cheveux secs, il se pencha pour déposer un baiser sur la peau laiteuse de son cou.

— Comment peuvent-ils vivre ainsi ?

Elle parlait enfin. Pour la distraire, l’extirper de son mutisme et sa tristesse, il lui avait servi des pirojki et du chocolat chaud. Assis sur le divan, en face d’elle, les jambes tendues, il buvait un verre de vin rouge.

— Savais-tu que la moitié du vin produit en France est exporté vers la Russie ? N’est-ce pas incroyable ? Nous buvons plus de vin que toute autre nation.

Il disait souvent « nous » en parlant des Russes, comme s’il était originaire de Perm ou de Tver.

— J’en serais incapable, admit-elle, les yeux rivés sur les flammes, dans la cheminée.

— Chacun fait de son mieux, répondit-il doucement.

— Je préférerais mourir.

— J’en doute. De toute façon, je viendrais chaque jour t’allumer du feu, te sécher les cheveux en cas de pluie et les démêler par grand vent. En été, au lieu d’aller au bal au palais Anitchkov, de dîner chez Donon ou d’assister à un spectacle de danse dans une robe ornée de diamants, tu m’accompagnerais vers un coin tranquille, au bord de la Neva, où nous mangerions des œufs durs, les pieds dans l’eau.

Elle tourna la tête et croisa son regard.

— Et la musique ? demanda-t-elle d’un ton solennel. Dans votre monde nouveau, y aurait-il de la musique ou bien plus de piano, ni d’opéra ou de ballet ?

— Bien sûr qu’il y aurait de la musique, assura-t-il avec un sourire. Tu chanterais pour moi tandis que l’eau caresserait nos chevilles et je t’accompagnerais au violon.

— Tu joues du violon ? s’étonna-t-elle.

— Jouer, c’est un grand mot. Disons que je parviens à gratter quelques notes qui évoquent les cris d’un chat. Mais je ferais des progrès, c’est promis.

Elle rit. Il avait envie de l’entendre rire.

— Tu m’as mise en garde contre les eaux polluées de la Neva, déclara-t-elle.

— C’est l’avantage d’être avec un ingénieur spécialisé capable de t’indiquer les bons endroits. Je connais les recoins secrets protégés des courants souillés.

— Elle est sale à ce point ?

Jens ne souhaitait pas poursuivre cette conversation.

— Elle pourrait être plus propre, répondit-il en haussant les épaules.

— Dis-m’en davantage.

— Je préférerais te jouer du violon.

Elle écarquilla les yeux à tel point qu’il en fut gêné. Personne ne l’écoutait jamais jouer.

— Joue, ordonna-t-elle.

Il se leva, s’inclina avec emphase, comme s’il saluait l’une des grandes-duchesses Romanov et déclara :

— Je suis votre dévoué, mademoiselle.

Jens était sincère, même s’il n’était pas certain qu’elle en soit consciente.

— Arrête ! protesta Jens.

— Je ne peux pas m’en empêcher !

— C’est méchant.

— Je sais, avoua Valentina, incapable de maîtriser son hilarité. Méchant pour mes oreilles !

— Ce n’est pas ce que je voulais dire.

Jens fronça les sourcils, tapota de son archet le manche de son instrument en feignant l’impatience. Au milieu de la pièce, son violon sous son menton, il lui avait interprété un extrait du Toréador de Bizet, un air entraînant qui l’avait fait sourire. Pour lui, c’était l’essentiel. Elle riait avec abandon, telle une enfant, ses yeux inondés de larmes.

Il ne devait pas oublier qu’elle était jeune et vulnérable.

Vexé, il posa brièvement le violon sur la table et alla s’asseoir sur le divan, les bras croisés. Elle ne fut pas dupe une seconde. Elle se leva d’un bond et, avec la grâce d’un félin, s’installa à côté de lui.

— Il faut muscler ces doigts ! déclara-t-elle, prenant sa main gauche et la portant à ses lèvres. Apprends à tes doigts à savoir ce qu’ils font.

Et elle, savait-elle ce qu’elle faisait ?

— Je te trouverai un professeur, décida-t-elle.

— Tu ne peux pas t’en charger ?

— Oh, non ! Nous finirions par nous disputer.

— Cela pourrait être amusant, insista-t-il en lui pinçant le bout du nez.

— Je ne gronde jamais Anna Fédorine, lors de nos leçons de piano. Il faut dire qu’elle est très sage.

Leurs regards se croisèrent. En entendant un soupir franchir les lèvres de la jeune fille, il sut que ce moment avait duré un peu trop longtemps. Il se détourna.

— Valentina, il est temps que je te ramène chez toi.

Elle baissa légèrement les paupières. S’il ne se levait pas immédiatement, il ne partirait jamais. L’expression de la jeune fille le pétrifia. Sans la moindre ambiguïté, elle affichait son désir pour lui, un désir vif et désespéré.

— Jens, murmura-t-elle en le regardant droit dans les yeux. J’ai peur de te perdre.

— Tu ne me perdras pas, mon amour. Toi et moi, nous sommes faits l’un pour l’autre.

Il la prit dans ses bras. Elle se blottit contre lui, la tête sur son torse comme pour écouter les battements de son cœur. Ils restèrent ainsi, dans un silence que seul rompait leur souffle léger, à contempler les flammes qui projetaient des ombres sur les murs. Il déposa un baiser sur le sommet de sa tête.

— Jens, fit-elle d’une voix rauque, parle-moi de toi, dis-moi qui tu es.

Personne ne lui avait jamais posé cette question. Il réfléchit un instant, puis lui narra son enfance passée sur les bateaux et les plages du Danemark, ses constructions à partir de galets, de pierres, de bois flotté, un projet de pont qui lui avait valu une récompense, un naufrage durant lequel il avait failli se noyer avec son chien. Il lui avoua sa passion pour les moteurs, les machines, la mécanique. Il lui parla des frères Wright, aux États-Unis, et de Louis Blériot, en France.

— L’aéroplane, c’est l’avenir, tu verras.

Il la sentit sceptique. Elle ne le croyait pas.

— Et tes parents ?

Il s’en tint à l’essentiel : l’imprimerie de son père, à Copenhague, leurs querelles quand Jens avait souhaité suivre des études d’ingénieur au lieu de reprendre l’affaire familiale, la déception qu’il avait lue dans le regard de sa mère. S’il leur écrivait toujours une fois par mois, il n’avait pas remis les pieds au Danemark depuis cinq ans.

— Je suis russe, désormais.

— Aussi russe qu’une girafe, oui !

Il évoqua ses espoirs pour la Russie, son souhait d’une stabilité obtenue par le dialogue et le compromis et non par la violence. Il ne parla toutefois pas de la guerre qu’il jugeait inévitable. Il garda ses craintes pour lui. Peu à peu, la tête de la jeune fille se fit plus lourde sur son torse.

— Parle-moi du fils de la comtesse.

— Alexeï a six ans. Il te plairait, Valentina. Il est si intrépide !

Il lui caressa distraitement l’épaule.

— Comme toi, souffla-t-il. Mon amour, tu dois comprendre que je ne peux abandonner Alexeï. Son père, le comte Serov, ne s’intéresse qu’à lui-même et à la maîtresse qu’il entretient dans un appartement luxueux du quai des Anglais. La comtesse est furieuse. Elle en veut à l’enfant car…

Sa voix s’éteignit. Les émotions de Natalia Serova étaient trop complexes. Il posa les lèvres sur la joue de Valentina, humant l’odeur d’hôpital qui persistait sur ses vêtements, puis il enroula ses bras autour d’elle et la berça.

— Sois généreuse, Valentina, murmura-t-il. Laisse-moi Alexeï. Je me suis attaché à lui et il n’est pas responsable des erreurs que j’ai commises avec sa mère. Elle et moi, c’est terminé, tu n’as pas à en douter une seconde.

À sa grande surprise, elle n’insista pas et l’embrassa avec passion pour effacer le souvenir d’autres lèvres, prendre possession de lui. Elle défit les boutons de la chemise de Jens, un peu maladroitement, d’abord, puis ses doigts hésitants effleurèrent sa peau. Il glissa une main dans son dos, palpant ses formes délicates sous son uniforme. Alors, elle s’enhardit à caresser son torse, les lèvres sur son cœur.

Il l’embrassa dans le cou, goûta la saveur de sa peau, savoura le contact de ses cheveux soyeux sur ses flancs, son parfum musqué, celui de la femme ardente qu’il dissimulait. Il sentit son propre désir bouillonner dans ses veines, si intense qu’il dut se forcer à se lever.

— Non, Valentina, dit-il d’une voix rauque. Non, mon tendre amour, tu es trop jeune. Il faut rentrer à la maison.

Ses yeux noirs étaient rivés sur lui, exprimant un désir presque violent.

— À quel âge as-tu fait l’amour pour la première fois ? voulut-elle savoir, à la fois douce et taquine.

— Ce n’est pas le problème.

— Je crois que si, au contraire. Tu as pris ta décision, à l’époque. À présent, j’en fais autant.

Elle se leva lentement et, sans hésitation, entreprit de dégrafer les nombreux boutons de son chemisier, sans le regarder, concentrée sur sa tâche. Il demeura immobile, dos à la cheminée, à l’observer. Il vit un bras émerger d’une manche et découvrit, à la lueur des flammes, la pâleur laiteuse d’une épaule.

Valentina dénoua les cordons de son corset, ôta ses bas de laine et les fit rouler sur ses cuisses nacrées. Jens en eut le souffle coupé. Pendant un long moment, il se trouva incapable de faire autre chose que l’admirer.

Lorsqu’elle pencha la tête, sa crinière soyeuse masqua son expression tandis qu’elle se débarrassait de ses dessous. Elle se retrouva nue devant lui. Un désir ardent s’empara de lui.

— Tu es belle, murmura-t-il.

Elle leva les yeux vers lui et lui sourit, les joues empourprées, les yeux plus sombres que jamais, les lèvres entrouvertes, brûlantes.

— Je t’aime.

Sa franchise, sa simplicité le submergea davantage encore que la beauté de son corps nu. Elle avait confiance en lui. Il alla chercher la cape et s’approcha de la jeune fille au point de déceler la sueur qui perlait entre ses seins dressés.

— Valentina, si tu ne te drapes pas immédiatement dans cette cape, dit-il d’un ton grave en posant le vêtement sur ses épaules, je te prends devant la cheminée.

Il refusa de croiser son regard.

— À présent, rhabille-toi pendant que je nous sers à boire.

Il gagna la cuisine pour s’asperger le visage d’eau froide. Puis il remplit un verre de vodka et le but d’une traite.

— Valentina, murmura-t-il, comment peut-on aimer à ce point une femme ? Qu’est-ce que tu m’as fait ?

Il lui accorda le temps de se rhabiller. Au bout de cinq minutes, quand les battements de son cœur se furent apaisés, il remplit à nouveau son verre de vodka et prépara une citronnade. Un verre dans chaque main, il regagna le salon. Dans la pénombre, Valentina était étendue sur la peau de bête, devant la cheminée. Les flammes dessinaient des ombres sur sa peau nue, auréolée d’une lueur dorée. Elle l’accueillit d’un sourire.

— Tous les Vikings sont-ils aussi lents à ravir leurs femmes ?

Jamais Valentina n’aurait imaginé des sensations aussi enivrantes. Ce fut comme si chaque parcelle de son corps prenait enfin vie. Il suffisait que les lèvres de Jens l’effleurent pour qu’elle exulte. Le creux de sa gorge, le pli de son bras, la peau délicate de ses côtes… De sa langue humide et chaude, il suivit les contours de ses mamelons dressés. Son corps était en feu.

Elle lui ôta sa chemise et caressa son torse, puis son dos, ses mains explorèrent ses muscles saillants, les courbes de son corps, ses moindres replis, la chaleur qui émanait de lui. Son sang bouillonnait dans ses veines.

Avec sa langue, elle entreprit de tracer un sillon brûlant de la ceinture de Jens jusqu’à son cou. Il émit un son rauque, puis se débarrassa vivement de ses vêtements et, dans un grondement bestial, la porta vers son lit.

Valentina n’avait aucune envie de partir, mais Jens l’obligea à quitter les draps, le parfum de sa peau, son oreiller. Son corps vibrait encore de plaisir lorsqu’elle monta en voiture. En arrivant chez elle, elle eut la certitude que le valet décela un changement en elle, qu’il perçut son odeur.

— Valentina !

Elle se figea, un pied sur la première marche de l’escalier, consciente de son apparence échevelée. Elle qui espérait regagner sa chambre en toute discrétion…

— Oui, Papa ?

Le visage rubicond, Nicolaï Ivanov se tenait sur le seuil du salon, en costume de soirée. En brandissant sa coupe de champagne, il renversa quelques gouttes dorées sur son gilet blanc.

— Tu rentres tard.

— Oui, Papa.

— Où étais-tu ?

— À l’hôpital Sainte-Isabelle.

— À cette heure tardive ?

— Il y a eu une urgence, un accident dans une usine.

Elle mentait mal. Ivanov détailla son uniforme avec dégoût.

— Apparemment, tu as fait le ménage, aussi.

— Non, Papa.

Elle ne voulait pas le fâcher davantage. Son sourire béat ne lui était pas destiné, mais il ne devait pas le savoir. Il s’approcha d’elle d’un pas mal assuré.

— J’ai quelque chose pour toi, déclara-t-il en sortant une lettre de sa poche. De la part du capitaine Tchernov.

Elle eut envie de gravir les marches quatre à quatre pour se jeter sur son lit. Il n’y avait pas de place pour Tchernov dans son esprit. Elle garda les bras ballants.

— Prends-la, ma fille.

— Je n’en veux pas.

— Prends cette fichue lettre !

Laissant l’enveloppe pâle flotter entre eux, Valentina ne broncha pas.

— Je la lirai demain. Ce soir, je suis trop fatiguée.

— Je veux que tu la lises sur-le-champ. Devant moi.

Elle n’osait pas regarder son père de peur de se trahir. Elle tendit la main.

— Lis-la, je te prie.

Lentement, elle déplia la feuille de papier. Les mots tracés à l’encre noire étaient flous. Elle refusait de les voir.

— Alors ?

Elle secoua la tête.

Son père s’en empara et la lut à voix haute :

— « Ma très chère Valentina… »

— Je ne suis pas sa « très chère », grommela-t-elle d’un ton vague.

Son père ne lui prêta aucune attention.

— « Ma très chère Valentina, j’ai pris la liberté de vous rendre visite, aujourd’hui, mais vous étiez absente. J’espère que vous allez bien et que la présence militaire qui patrouille en ville ne vous contrarie en rien. Les soldats démantèlent les barricades et dispersent les rassemblements qui sèment le désordre. Ne vous inquiétez pas, chère Valentina. Je veille sur votre sécurité en ces temps troublés et troublants. J’en fais une affaire personnelle.

Mercredi soir, un grand bal impérial est organisé au palais d’Hiver et je serais très honoré si vous m’y accompagniez.

J’ai apprécié votre charmante compagnie, chez Donon.

Avec mes hommages,

Stepan Tchernov. »

Satisfait, le ministre Ivanov se rengorgea. À l’évidence, il était content de sa fille.

— Bien joué, Valentina.

— Tous les pères veulent voir leurs filles épouser un beau parti.

— Et comment ! s’exclama-t-il en levant sa coupe de champagne.

— Je comprends donc que vous ne pensez qu’à mon intérêt.

— Tu es une bonne fille.

Il la prit par les épaules. Aussitôt, elle entrevit sa liste. Comme il serait facile d’obtenir enfin le pardon de son père en cet instant…

— Cependant, Papa, je vous en prie, ne me forcez pas à…

Il se mit à rire et lui effleura la joue.

— Chut, mon petit, ne dis rien, coupa-t-il en l’embrassant.

— Papa, insista-t-elle en reculant. Veuillez informer le capitaine Tchernov que je suis désolée…

— Nicolaï ! Où as-tu disparu ?

La voix de femme légèrement traînante provenait du salon, suivie d’un rire et du tintement d’une bouteille contre un verre. Ce n’était pas sa mère, mais le ministre ne montra aucune gêne. Ses yeux sombres se mirent à pétiller d’amusement face à sa fille aînée. Il lui tapota la main avec une tendresse toute paternelle.

— Ne prends pas cet air choqué, Valentina. C’est ainsi que fonctionne le mariage. Quand Stepan Tchernov et toi serez mariés, tu t’y feras, comme ta mère. Non, ne…

Elle était partie. Gravissant les marches quatre à quatre, elle voulait s’éloigner au plus vite de son père, de cette lettre et de cette femme.

Ses vêtements sales gisaient à terre, là où elle les avait laissés des milliers de fois afin que sa femme de chambre les ramasse. Elle fronça les sourcils, puis ramassa ses affaires et les plia sur une chaise afin qu’Olga les trouve en entrant. Ces petits détails faisaient la différence. Elle s’en rendait compte, à présent.

Une fois recroquevillée dans son lit, elle accorda à son esprit le luxe de vagabonder. En pensée, elle se retrouva sur un autre oreiller, dans un autre lit, une autre vie. Son corps se languissait de Jens. Sa souffrance était telle qu’elle ne put réprimer une longue plainte. Son désir se propagea dans ses veines et fit palpiter ses cuisses encore frémissantes. Elle le sentait encore en elle.

Jamais elle n’aurait imaginé que ce serait ainsi. Le souvenir de ses lèvres si tendres sur ses seins, de ses mains qui la caressaient jusqu’à prendre possession de son corps, cette envie de lui donner du plaisir, de le savourer, de le posséder. Elle avait l’impression de n’être que la moitié d’elle-même.

— Jens, murmura-t-elle dans le noir. Je ne renoncerai pas à toi.

Pas même pour Katia.

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