Le renoncement de Louise de La Vallière

Les épines sous les fleurs

Il était environ six heures du matin, ce mercredi des Cendres 1671, quand les gardes des Tuileries virent sortir une femme toute vêtue de gris, enveloppée d’un grand manteau à capuchon qui se hâtait vers la terrasse du Bord-de-l’Eau. Le jour n’était pas encore levé (on était en février) et les sentinelles, lasses d’une nuit de garde maussade passée à écouter les flonflons de la fête que donnait le Roi pour clôturer le carnaval, ne firent guère attention à cette petite silhouette menue qui s’en allait à pas pressés : quelque femme de service sans doute qui s’en retournait vers son logis.

Les rares passants ne lui prêtèrent pas plus d’attention, et c’est sans avoir rencontré aucun obstacle que la promeneuse matinale s’en vint sonner à la porte du couvent des Dames de la Visitation Sainte-Marie à Chaillot.

C’était un grand et noble couvent dont les élégants bâtiments couvraient toute la colline de Chaillot. Fondé une vingtaine d’années plus tôt par Henriette de France, veuve du malheureux roi d’Angleterre Charles Ier, le couvent recevait tout ce que Paris comptait de femmes du monde désireuses de se tourner vers Dieu. Mais à cette heure matinale du premier jour de Carême, les nonnes étaient toutes à la chapelle pour l’office des Cendres quand la cloche retentit, tirée par une main qui n’hésitait pas. L’inconnue dut donc attendre la fin de l’office car, ayant refusé de décliner son nom et vu son aspect humble, il ne pouvait être question de déranger la supérieure.

Mais quand la mère pénétra dans le petit parloir glacé où la femme attendait, celle-ci tira en arrière son capuchon, livrant à ses regards un visage émacié par le chagrin et d’admirables cheveux d’un blond de lin, puis se laissa tomber à genoux.

— Ma Mère, accueillez-moi, car je n’ai plus d’espoir qu’en Dieu !

La supérieure retint une exclamation de stupeur : cette femme qui levait vers elle de grands yeux bleus décolorés à force de larmes, c’était celle que, depuis dix ans, toutes les femmes de France enviaient plus ou moins férocement : Louise de La Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière, la favorite du roi Louis XIV.

— Vous, Madame ? s’exclama la religieuse. Vous ici ? Mais comment ? Pourquoi ?

Pourquoi ? Là était la question. Quelle raison avait bien pu pousser une femme jeune (elle avait alors vingt-sept ans), adorée, adulée par les courtisans, mère de quatre enfants de surcroît, à s’enfuir du palais de son amant aux petites heures du jour comme une voleuse pour venir chercher refuge dans un couvent ? Celle que l’on appelait communément « la La Vallière » aimait le Roi, ce n’était un secret pour personne, elle l’aimait comme aime toute femme vraiment éprise, elle l’eût aimé même s’il n’avait pas été roi, et plus encore peut-être. Alors ?

À cette religieuse qui l’interrogeait, Louise répondit qu’elle était lasse des bruits de ce monde et du vide de la Cour, qu’elle aspirait de tout son cœur à trouver Dieu et à obtenir de lui le pardon d’une existence de scandale et de honte.

Car c’était à cela, en vérité, que se ramenait la vie réelle de celle que tous et toutes enviaient : dix ans de misères, d’avanies, de remords, de souffrances morales et physiques ravalées du mieux que l’on pouvait. Dix ans de haines des autres femmes, de la Reine qui la détestait, de Madame Henriette d’Angleterre (morte l’année précédente dans d’atroces circonstances) qui l’avait jalousée et lui avait mené la vie dure tant qu’elle avait été de ses filles d’honneur, dix ans d’envie de toutes les coquettes de la Cour… et quelques moments d’indicible félicité : ceux, tellement rares, où elle avait le Roi pour elle seule !

Quand, venant de son Blaisois natal, elle était entrée au service de Madame Henriette, au moment où la princesse avait épousé Monsieur, frère du Roi, Louise n’avait jamais imaginé que pareille aventure pût lui échoir. Dans la candeur de ses dix-sept ans, elle s’était éprise du jeune roi mais, se jugeant trop petite et trop humble, elle avait enfoui ce secret tout au fond de son cœur timide. Pour l’en faire sortir, il avait fallu le stratagème, assez vil d’ailleurs, inventé par Madame Henriette et par Louis XIV pour calmer les inquiétudes jalouses de la reine Marie-Thérèse et de la reine mère Anne d’Autriche : afin de cacher le galant marivaudage auquel il se livrait avec sa jolie belle-sœur, Louis feindrait de s’amouracher de l’une de ses filles d’honneur. À cette fin, bien sûr, on avait choisi la plus timide, la plus effacée, celle qui ne risquait pas d’éclipser la princesse. Et le miracle avait eu lieu. Découvrant l’amour profond qui habitait ce cœur de dix-sept ans, le Roi en avait saisi du même coup tout le charme, et l’apparence était devenue réalité : il était tombé réellement, sincèrement amoureux de la jeune fille.

Elle aurait souhaité, dans sa modestie, que ce roman demeurât caché à tous les yeux afin de ne pas trop souffrir de remords, elle qui s’emparait ainsi du bien d’autrui en prenant le cœur d’un mari. Mais Louis XIV n’était pas de ceux qui mettent leurs amours sous le boisseau : après un temps de relative discrétion, Louise fut par lui hautement intronisée dans le rôle de favorite royale, un rôle qui l’emplissait de honte et de confusion.

Pourtant, en certaines circonstances, il fallait tout de même respecter les convenances, et c’était toujours dans les moments les plus difficiles. Ainsi, pour dissimuler ses couches, qui demeuraient clandestines, il lui fallait, bien peu d’heures après l’accouchement, se lever, se montrer aux fêtes de la Cour, fardée jusqu’aux yeux, chancelante, ne tenant debout que par un effort de volonté et les vertus d’un flacon de sels dissimulé dans son mouchoir (ce supplice se renouvela quatre fois). Il fallait aussi endurer que l’enfant, à peine né, lui fût arraché, emporté bien vite hors du palais jusqu’à l’endroit caché où une nourrice prendrait soin de lui. Il fallait encore, agenouillée dans la chapelle parmi les autres filles d’honneur, endurer les apostrophes brutales des grands prédicateurs de la Cour qui ne se privaient pas d’apostropher le Roi et sa tremblante maîtresse. Car si Louis se contentait de froncer un sourcil olympien, la malheureuse Louise se sentait défaillir en entendant tonner sur sa tête la grande voix de Bossuet tandis que, la montrant du doigt, il s’écriait :

— Voyez-vous cette femme ? Elle pose toutes ses armes aux pieds de celui qui l’a conquise !

Certes, le Roi finit par faire à sa jeune maîtresse un sort qui l’élevait au-dessus de ses rivales en lui conférant le tabouret de duchesse, des terres et quelques biens mais, justement, il finit par là et, quand vint le fameux brevet, Louise ne s’y trompa guère : ce cadeau-là présageait la rupture. Elle avait cessé de plaire.

Celle qui attirait maintenant invinciblement le désir et l’amour du Roi était l’ancienne compagne de Louise aux filles d’honneur de Madame : la belle, l’éclatante, l’arrogante Françoise Athénaïs de Rochechouart, marquise de Montespan. Et celle-là n’était pas, comme La Vallière, une modeste violette cherchant l’ombre pour y cacher son amour et ses remords, mais une orchidée qui accaparait les rayons du soleil et faisait hautement sonner sa beauté, son esprit et son nom. C’était en effet une Mortemart et, auprès d’elle, la pauvre Louise était presque une fille de peu. Elle écrasa impitoyablement sa rivale, poussant même le cynisme jusqu’à se faire parer et coiffer par ses mains avant de passer dans la chambre du Roi. Ou, encore, se hâtant de courir auprès de son amant, de lui jeter sur les genoux le petit chien qu’elle tenait dans ses mains en s’écriant :

— Tenez ! C’est assez bon pour vous !

Longtemps Louise avait enduré. Elle aimait tant encore ! C’était pour qu’il acceptât de la regarder qu’elle se laissait ainsi ravaler au rang de servante par sa rivale mais, en cette nuit de fête, le dégoût était venu. Elle n’était point allée au bal ; cependant, les échos lui en parvenaient, des échos qui, elle le savait, allaient sombrer dans les prières et les macérations du Carême. Alors, elle avait décidé que son carême à elle serait définitif : elle était partie…

Cependant le Roi, au bout de quelques heures, apprenait la fuite de la duchesse. Il s’apprêtait à monter en carrosse pour gagner Versailles en compagnie de Madame de Montespan et de la Grande Mademoiselle. Quelques années plus tôt, il eût tout planté là pour courir au couvent. La chose eût d’ailleurs été facile : le chemin de Versailles longeait les murs de la Visitation. Mais les temps avaient changé, le cœur du Roi aussi.

Néanmoins, comme c’était un homme sensible, il pleura beaucoup durant le trajet qui se fit en silence. Madame de Montespan, pour ne pas déplaire, en fit autant et la Grande Mademoiselle, qui n’était pas à une larme près, en joignit au concert. Ce grand déluge inspira à Louis XIV quelques saines réflexions, sans doute, car à peine arrivé, il dépêcha Lauzun au couvent pour en ramener la fugitive. Peine perdue : Louise refusa de bouger. Monsieur de Bellefonds n’eut pas plus de succès.

Devant une telle obstination, le Roi se remit à pleurer et envoya Colbert en lui donnant ordre d’employer, au besoin, la force pour ramener Madame de La Vallière. Il eût mieux fait, selon nous, de pleurer moins et d’y aller lui-même, mais il fallait bien consoler Madame de Montespan, qui décidément semblait regretter fort sa rivale.

Colbert avait toujours été pour La Vallière un ami dévoué et un bon conseiller. Il réussit à faire entendre raison à la jeune femme en lui promettant qu’elle pourrait revenir dès qu’elle aurait « parlé encore » au Roi. Ensemble, ils prirent le chemin de Versailles : il y avait douze heures environ que Louise était arrivée à Chaillot.

À Versailles, la réception fut impressionnante. Le Roi reçut la fugitive avec une émotion de circonstance et un plaisir un peu forcé. Il causa avec elle durant une grande heure et de nouveau, on pleura beaucoup. Puis Madame de Montespan apparut, en larmes elle aussi, et en vérité, on se demande bien pourquoi… À moins que ne soit réelle la version d’une scène violente qui l’aurait opposée à son amant quand elle avait essayé de lui faire comprendre que, personnellement, elle ne tenait pas du tout à la voir revenir. Quoi qu’il en soit, elle tomba dans les bras de la revenante et l’embrassa avec effusion sous l’œil tout de même un peu surpris des courtisans que cette grande débauche de larmes pour une femme que l’on traitait assez mal depuis quelque temps laissait tout de même un peu rêveurs. Seul le cynique Bussy-Rabutin semble avoir trouvé le mot de cette larmoyante énigme :

— Je vous maintiens que c’est pour son propre intérêt et par pure politique que le Roi a fait revenir Madame de La Vallière. Le Roi a besoin d’un prétexte pour Madame de Montespan.

Et il semble bien que ce soit, en effet, l’expression de la vérité. La belle Athénaïs était pourvue d’un mari fort incommode, fort encombrant et qui n’acceptait pas sans regimber sa condition de mari trompé. Il faisait un bruit affreux et déchaînait le scandale chaque fois qu’il apparaissait. Il fallait donc prendre quelques précautions et la pauvre Louise, dont l’amour avait commencé par le rôle humiliant de « chandelier », s’y vit ramenée bon gré mal gré.

Car les choses ne s’arrangèrent pas, tant s’en faut. La vie en commun reprit, et le cours incessant des humiliations. Pendant des mois, la malheureuse, réduite au rôle de paravent, promena dans les palais royaux son visage défait et ses yeux rougis. Elle souffrait si visiblement qu’un soir elle vit entrer chez elle quelqu’un qui en d’autres temps n’y fût jamais venu : la Reine.

Touchée par les souffrances de son ancienne rivale, Marie-Thérèse vint lui tendre une main secourable et, tombant dans les bras l’une de l’autre, les deux femmes s’embrassèrent en pleurant, unies par leur commun et cruel amour pour un homme qui les dédaignait. Et Louise, dès lors, trouva quelque réconfort auprès de la petite Espagnole.

Mais son désir de se tourner vers Dieu se faisait chaque jour un peu plus impérieux. Une ultime humiliation la décida à en finir : le 18 décembre 1673, elle dut tenir sur les fonts baptismaux de Saint-Sulpice le dernier enfant que Madame de Montespan venait de donner à son amant. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Louise se détermina à entrer au couvent.

Mais cette fois, il ne pouvait s’agir d’une retraite encore mondaine, comme celle qu’offrait Chaillot : ce que voulait la désespérée, c’était le plus austère, le plus rude, le plus impitoyable des couvents : le Carmel.

Parfois, au temps de son bonheur, elle était entrée dans le grand couvent de la rue Saint-Jacques, car sa piété avait toujours été profonde et sincère. À chacune de ses visites, elle avait été frappée par la sérénité dont était empreint le visage des religieuses. Cette sérénité était la seule chose à laquelle elle aspirait, et de nouveau, elle se rendit chez les filles de Sainte-Thérèse, et se fit expliquer la règle inflexible de l’ordre : mortifications, jeûnes, silence absolu. On lui expliqua aussi qu’il ne pouvait s’agir là d’une retraite momentanée : on n’entrait pas au Carmel par caprice ou pour fuir quelque peine de cœur. Mais rien ne la rebutait et désormais, sous ses robes somptueuses, la duchesse de La Vallière portait un cilice de crin.

Il y avait cependant un obstacle terrible : la règle voulait que les postulantes fussent de bonnes mœurs et n’aient point causé de scandale. Écrasée de douleur, Louise pleura, supplia, s’humilia devant la mère prieure. Celle-ci, Judith de Bellefonds, tante du maréchal de Bellefonds, vieil ami de Louise (en religion mère Agnès de Jésus), finit par se laisser toucher : la vocation de la postulante était sincère et méritait considération.

Cette décision fit à la Cour l’effet d’une bombe. On aurait trouvé assez normale une retraite à Chaillot ou dans quelque couvent semblable, mais le Carmel terrifiait : son ombre austère semblait s’étendre sur tous ces gens avides d’honneurs et de plaisir. Chacun commenta l’événement à sa façon, s’efforçant souvent d’en rire pour ne pas en trembler. Certains affectaient de douter de cette vocation. Allons donc ! Riche, duchesse et mère de quatre enfants, La Vallière veut entrer au Carmel ? Elle est bien sotte.

Mais les dispositions de Louise étaient prises, ses affaires en règle. Ses enfants, auxquels elle n’avait pas eu le droit de se consacrer, se trouvaient auprès de son amie Madame Colbert, en de bonnes mains, et sa fortune, dans les mêmes mains, leur appartiendrait en temps voulu. Le 20 avril 1674, la duchesse fit ses visites d’adieu : à la Reine d’abord à qui elle demanda pardon et qui l’embrassa en pleurant devant la Cour, car ces excuses, Louise les avait voulues publiques. La dernière fut pour Madame de Montespan, qui l’invita à souper.

Le lendemain, elle assista à la messe du Roi qui là-haut, dans sa tribune, ne perdit pas si belle occasion de pleurer à chaudes larmes. Puis, accompagnée de ses enfants qui devaient l’escorter jusqu’à la rue Saint-Jacques, elle gagna enfin le Carmel, dont la lourde porte se referma sur elle pour ne plus se rouvrir jamais.

Elle y gagna la cellule qu’on lui attribuait : quatre murs blancs, une paillasse jetée sur des planches, une croix de bois noir, une cruche et une planchette pour les livres. Et, dès le lendemain, portant le petit bonnet noir des postulantes, Louise se rendit à la cuisine pour y faire les « gros ouvrages ».

Pourtant, elle n’en avait pas encore fini avec le monde. Elle voulait prendre le voile au plus vite. Certes, on exigeait une année de noviciat avant le prononcé des vœux définitifs, mais le temps de probation précédant le noviciat lui semblait affreusement long : pour elle, on le ramena à trois mois et, le 2 juin 1674, huitième dimanche après la Pentecôte, la cérémonie de la prise de voile eut lieu devant toute la Cour, qui s’écrasait dans la chapelle.

Une dernière fois apparut la duchesse de La Vallière en grand habit de Cour de satin violet brodé et rebrodé d’or. Elle entra, un cierge à la main, et vint s’agenouiller devant l’abbé Pirot qui officiait. Le sermon, ce fut Monseigneur de Fromentières qui le prononça. Il dit que la vie religieuse n’était pas un asile pour les âmes faibles ni un abri contre les épreuves :

— Ne croyez pas que cette douceur que vous goûtez ne puisse être altérée. Les peines, je dois vous y préparer, pourront succéder aux douceurs.

Le sermon terminé, Louise reçut l’habit de novice qui avait été béni par l’archevêque de Paris, rejoignit les religieuses, quittant à jamais les atours de son rang. Elle prit le cilice, la bure grossière, le voile blanc et chaussa ses pieds nus des alpargates de corde faites au couvent même, puis elle revint se prosterner devant l’autel tandis que la clôture se refermait sur elle.

Les vœux définitifs eurent lieu un an plus tard et de nouveau, la chapelle s’emplit de la foule des grands jours : on y vit Monsieur, frère du Roi, et la princesse Palatine, sa nouvelle épouse, la Grande Mademoiselle. La duchesse de Guise, tout Versailles et tout Paris… moins le Roi et sa maîtresse qui n’avaient pas davantage osé se montrer lors de la prise d’habit.

Cette fois, ce fut Bossuet qui prononça le sermon, et celui-là effaça celui qui, dans la chapelle de Versailles, avait tant fait souffrir la pauvre amoureuse de Louis XIV. L’Aigle de Meaux avait choisi pour thème : « Et celui qui était assis sur le trône dit : je renouvelle toutes choses… »

Quand la grande voix se tut, chacun retint son souffle : l’instant suprême était venu, celui où les traits de l’ex-duchesse allaient pour toujours disparaître. La Reine se leva, saisit le voile noir que lui offrait le prêtre et le tendit à la mère prieure qui, lentement, le posa sur le visage de celle qui n’était plus désormais que sœur Louise de la Miséricorde.

La prieure prit ensuite la nouvelle carmélite par la main et la conduisit jusqu’au milieu du chœur où elle s’étendit face contre terre entre deux bordures de fleurs comme celles que l’on voit sur les tombes. Sur cette forme prostrée on fit glisser un grand drap noir qui la recouvrit complètement pour signifier qu’elle était à jamais morte au monde.

« Il ne me reste plus rien à souhaiter que de perdre la mémoire de tout ce qui n’est pas Dieu, écrivait-elle quelques jours plus tard au maréchal de Bellefonds. Par sa bonté, le cœur est détaché et la volonté ne tend qu’à lui plaire, mais cette importune mémoire dont je souhaite d’être délivrée me distrait malgré moi. Il n’y a plus qu’elle à détruire… »

Sœur Louise allait s’y appliquer durant trente-six ans, jusqu’à ce 6 juin 1710 où elle devait, après bien des souffrances, rendre à Dieu une âme qui n’appartenait déjà plus qu’à lui seul.

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