Vincennes La mort des rois

Nous n’irons plus aux bois

Les lauriers sont coupés.

Théodore DE BANVILLE

Qui veut voir Vincennes tel qu’il était lorsque, formidable forteresse féodale, il abritait les rois de France dont il était le « château du Bois » et peut-être la résidence préférée, doit regarder Les Très Riches Heures du duc de Berry. Servant de toile de fond à une brillante cavalcade, au milieu d’un bois vert, les neuf puissantes tours escortent l’énorme donjon. De ces tours il ne reste qu’une seule, la tour du Village qui regarde Vincennes et sert de portail d’entrée mais le donjon est toujours là et aussi la Sainte-Chapelle, ce joyau. Celle-ci plus ancienne que celui-là car si Saint Louis voulut la Chapelle, c’est seulement en 1337, au début de la guerre de Cent Ans, que Philippe VI ordonna la construction du géant.

Cependant, Vincennes existait depuis longtemps. Abandonnant pour quelques jours un Paris puant, étouffant dans son corset de murailles, les rois Capétiens, grands chasseurs devant l’Éternel, venaient y respirer la verte fraîcheur de la forêt tout en s’y livrant à leur sport favori. Ils y eurent d’abord un manoir dont la première mention est de 1162, que Philippe Auguste reconstruira, que Saint Louis agrandira. Plus que tous ses autres châteaux, le saint roi aime Vincennes. L’imagerie populaire a fait un triomphe aux goûts champêtres du monarque et à sa prédilection pour l’épais feuillage du chêne quand il s’agissait de rendre la justice.

Il est le principal acteur du premier grand événement qui s’y déroule. Le 19 août 1239, un cortège imposant s’approche du manoir au milieu de tout le petit peuple des environs. En tête, deux hommes pieds nus et en simple tunique blanche portent un brancard sur lequel repose un coffre de bois : le roi et son frère Robert d’Artois. Le coffre de bois en renferme un autre d’argent qui lui-même en renferme un troisième d’or pur. Et dans ce troisième coffre une relique insigne : la Très Sainte Couronne d’Épines que l’empereur Baudouin de Constantinople, à bout de ressources, a offerte au roi de France contre une très forte somme. Saint Louis est allé accueillir ce qu’il considérera toujours comme son plus grand trésor à Villeneuve-l’Archevêque, dans l’Yonne. À petites journées, il l’a ramenée par Sens jusqu’à son cher château de Vincennes où la Couronne passe une nuit avant de gagner Paris. Là, c’est l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs qui va la recevoir en attendant que s’érige pour elle l’étonnant joyau qu’est la Sainte-Chapelle de Paris.

Vincennes aussi aura sa Sainte-Chapelle mais elle devra se contenter, plus modestement, d’une seule épine sainte. L’ordre de construction viendra neuf ans plus tard. Entre-temps, le roi viendra et reviendra à Vincennes où, par deux fois, il réunit les États généraux. C’est de là qu’en août 1270 il part pour la fatale croisade, pour Tunis où la peste l’emportera. La dernière nuit précédant le départ, il l’a passée tout entière en prière.

Des prières qui ne sauveront pas ses descendants d’un sort tragique dont, souvent, Vincennes sera le cadre. Et d’abord son fils, le nouveau roi Philippe III.

Quand il revient de la croisade à laquelle il a suivi son père, il ramène avec lui à Vincennes trois cercueils : celui de son père, naturellement, mais aussi celui de sa femme, Isabelle d’Aragon, morte en couches sur le chemin du retour, et celui du fils qui lui était né, lequel ne vécut que quelques jours.

Le mot cercueil est peut-être un bien grand mot d’ailleurs car il s’agissait en fait de coffres de dimensions plus réduites : il était d’usage, en campagne, lorsqu’il fallait ramener des corps précieux, de les faire bouillir afin d’en détacher les chairs après avoir prélevé le cœur et de ne garder que les os. Il est difficile d’imaginer comment un jeune homme, très épris de sa belle épouse, pouvait supporter cet épouvantable pot-au-feu.

Quoi qu’il en soit, le tragique retour frappe le peuple : « Le roi, dit-il, ne rapporta de croisade que des coffres vides et des tombeaux pleins d’ossements. »

Néanmoins, c’est à Vincennes que, trois ans après le dramatique retour, Philippe épouse Marie de Brabant qui est belle et qui lui plaît. Mariage d’inclination plus que mariage de nécessité car, en neuf ans de mariage, Isabelle d’Aragon lui a donné cinq enfants dont deux seulement, le futur Philippe le Bel et son frère Charles de Valois, survivront. Mais au moment du second mariage, le beau Philippe n’est pas l’aîné : c’est Louis qui meurt subitement un an après le remariage de son père. Or, à cette époque, le roi a un favori dont il a fait son chambellan : Pierre de La Brosse.

C’est un homme de peu, un ancien barbier qui doit à la faveur royale une fortune trop évidente pour ne pas causer de scandale. La reine et lui ne s’aiment pas et, quand le jeune prince meurt brusquement à Vincennes, le chambellan n’hésite pas à accuser Marie d’avoir empoisonné son beau-fils. Il espère ainsi se débarrasser d’une femme qui le gêne.

Le roi refuse de croire pareille accusation. D’autant que la reine se défend avec énergie et même en appelle au jugement de Dieu. Un jugement de Dieu auquel l’ancien barbier est incapable de faire face et pour lequel il ne trouve aucun champion. Du coup, la cause est entendue : Pierre de La Brosse sera pendu en dépit des protestations du peuple qui se retrouvait solidaire de l’un des siens. Mais ce n’était ni la première ni la dernière affaire judiciaire qui ne serait jamais élucidée.

Philippe le Bel se marie à Vincennes en 1284. Il épouse Jeanne de Navarre qui sera son unique amour et qui apporte aux rois de France le complément de titres qu’ils porteront désormais : « roi de France et de Navarre ». C’est à Vincennes que Jeanne met au monde la plupart de ses enfants : les trois fils qui seront Louis X, Philippe V et Charles IV, une fille qui sera reine d’Angleterre et dont l’Histoire gardera le surnom, la Louve de France.

On sait ce que fut la fin du règne de Philippe le Bel : le procès des Templiers, la malédiction du grand maître à l’heure des flammes, le scandale amoureux qui envoie deux des belles-filles du roi à Château-Gaillard et la troisième à Dourdan1. On sait moins que ce fut sous les voûtes enluminées de Vincennes que la mort continua de frapper les rois.

Après la mort de Marguerite de Bourgogne, étranglée dans son cachot de Château-Gaillard, Louis X, qui a succédé à son père Philippe, se remarie avec Clémence de Hongrie. Il n’a même pas le temps de voir l’enfant qu’elle lui prépare : dans la nuit du 4 au 5 juin 1316, Louis le Hutin meurt dans sa chambre de Vincennes d’« un flux de ventre ». En dépit de l’apparence, le terme est discret car, pour la majorité de ceux qui composent l’entourage royal, l’affaire est claire : le roi a été empoisonné et l’empoisonneuse c’est Mahaut d’Artois, dont les filles Blanche et Jeanne croupissent encore en prison et dont la nièce, Marguerite, a été étranglée pour que le Hutin puisse se remarier.

Quelques mois plus tard, dans la nuit du 13 au 14 novembre, Clémence de Hongrie endure les souffrances de l’enfantement. Le jour va bientôt se lever sur la forêt quand le château s’emplit de joie : c’est un garçon. Suit immédiatement un second cri : Vive le roi Jean ! Et les cloches de sonner.

Cinq jours plus tard, les cloches sonnent encore mais en glas. Que s’est-il donc passé ?

La veille de ce triste jour, le petit roi portant couronne et couvert du manteau royal a été, selon la coutume, présenté aux pairs du royaume et au peuple par Très Haute et Très Noble Dame Mahaut d’Artois, comtesse de Bourgogne et comtesse d’Artois. Et c’est dans la nuit qui a suivi cette présentation que le petit roi Jean Ier a été pris de convulsions violentes. Il est mort en quelques instants laissant la place à Philippe le Long, deuxième fils de Philippe le Bel et gendre de Mahaut. L’inconduite de Marguerite de Bourgogne a fait ressusciter en France la vieille loi salique et écarter sa fille de la succession : plus jamais femme ne régnera au royaume des fleurs de lys.

Cette mort d’un bébé fait planer sur Vincennes l’un de ses plus lourds secrets car il semble que l’enfant d’une nourrice ait été substitué au petit roi tandis que celui-ci était emporté à Sienne par le père de l’enfant sacrifié, un jeune banquier siennois, Guccio Baglioni.

Le successeur, Philippe V, s’installe à son tour à Vincennes qu’il reprend à Clémence de Hongrie, déclarant que le château est domaine royal et sera désormais inaliénable. Mais c’est à Longchamp qu’il meurt d’une dysenterie dont il souffrait depuis longtemps. Vincennes verra encore la mort de Charles IV le Bel le 1er février 1328, à la suite d’une longue et douloureuse maladie, à trente-trois ans.

Cette fois, les Capétiens directs sont éteints. La couronne passe à leurs cousins, les Valois. Philippe VI qui la coiffe est un incapable, une tête folle pleine de la plus délirante chevalerie en dépit de la phrase qu’il se plaît à répéter : « Nous qui toujours voulons raison garder. » La raison, il ne saura jamais ce que c’est et l’Anglais en profitera pour envahir la France. Mais il sait bâtir et, sous son règne, le superbe Vincennes des Très Riches Heures s’érige et s’étale sous le soleil. Superbe… mais déjà dépassé quand Charles V l’achève. Et s’en va mourir à côté, au château de Beauté.

Une autre mort royale va ramener le son du glas. Henri V d’Angleterre, le vainqueur d’Azincourt, s’est fait remettre la forteresse lors de son mariage avec Catherine de France. Marié le 2 juin 1420, il meurt à Vincennes le 31 août 1422 « de la colique », précédant dans la mort son triste beau-père, Charles VI le Fou, qui mourra en octobre. N’ayant jamais été roi de France, il devra regagner Westminster mais Vincennes respirera les effluves du bouillon royal qui tenait toujours lieu d’embaumement.

La mort du souverain anglais semble avoir dégoûté les rois de France de rendre à Vincennes leur dernier soupir. Il s’en trouvera pourtant encore un, un jeune roi de vingt-quatre ans, Charles IX. Passionné de chasse – durant la Saint-Barthélemy il a tiré les protestants comme perdreaux depuis les fenêtres du Louvre – il aime profondément son château du Bois. Le 30 mai 1574, il y meurt de shakespearienne façon dans des draps rougis par la sueur de sang qui sourd de son corps tuberculeux. Les victimes de la Saint-Barthélemy crieront à la damnation.

Comme les Capétiens, les Valois et les Bourbons ont tous été de grands chasseurs. Château forestier, Vincennes leur offre un relais aux dimensions plus que royales. Pourtant Louis XI, veneur aussi passionné que les autres, s’avise de deux détails : d’abord le donjon est sinistre – et du coup il se fait construire un petit manoir à l’endroit où s’élève aujourd’hui le Pavillon du Roi –, ensuite, pour sinistre qu’il soit quand il s’agit d’y loger un roi, il présente toutes les couleurs joyeuses qui devraient convenir à des prisonniers d’État. Et voilà Vincennes devenu prison. Un rôle qu’il va remplir pendant de longues décennies. Désormais, les funérailles que l’on y célébrera, le cas échéant, n’y gagneront ni en pompe ni en majesté : un linceul, un brancard, quatre soldats aux points stratégiques, un moine pour ouvrir la porte du Ciel et ce sera tout. Néanmoins et en dépit de ce nouvel avatar, il semblerait que les rois aient aimé y recevoir des ambassadeurs. La raison en est simple : la formidable forteresse donnait de leur puissance une idée beaucoup plus impressionnante que le Louvre. Les envoyés de Soliman le Magnifique y furent peut-être sensibles lors de la réception que leur offrit François Ier. Et aussi ceux de Philippe II d’Espagne quand ils vinrent s’incliner devant Henri II. Mais, en tant que château royal, Vincennes a tout de même beaucoup perdu. Sur la Loire s’élèvent à présent des demeures de rêve et le climat est infiniment plus doux au jardin de la France qu’au cœur de la rude forêt capétienne.

Un seul des rois Valois échappe à la mode et, chose curieuse, c’est le plus raffiné de tous, le plus étrange aussi : Henri III adore Vincennes. Peut-être parce que le cadre guerrier donne un relief inattendu à son élégance toujours extrême. De tous nos rois, c’est, avec Louis XIV, le seul qui ait eu les talents d’un vrai metteur en scène. Et que l’on n’excepte pas François Ier : celui-là eut Léonard de Vinci.

Fâcheux entracte : en 1590, après la mort d’Henri III assassiné par le moine Jacques Clément et un an de siège, les ligueurs de la duchesse de Montpensier s’emparent de Vincennes. C’est la duchesse qui a armé Jacques Clément – elle a même payé de sa personne – pour venger la mort de ses frères Henri de Guise et le cardinal de Lorraine, tués au château de Blois. Une furie règne alors sur la forteresse royale qu’elle laisse piller à loisir par ses soudards. Des soudards qui l’ont nommée gouverneur.

Vincennes attendra près de quatre ans pour voir un roi passer de nouveau son seuil. Et quel roi ! Henri IV devant qui les troupes fanatisées de la Ligue ont fini par fondre comme beurre au soleil. L’état du château le désole. Il aimerait bien le reconstruire ou même seulement le réparer. Malheureusement il n’a pas d’argent. La France qu’il faut guérir et les femmes – mais il n’a jamais fait de doute pour personne que la France ne soit femme – lui coûtent cher. La seule qui lui apportera une fortune, sa seconde femme Marie de Médicis, la grosse banquière, finira par le faire assassiner pour avoir la paix. Ou tout du moins sa paix à elle.

C’est pourtant elle qui reprend le projet de reconstruction et, le 17 août 1610, le jeune Louis XIII, encore en grand deuil – le coup de couteau de Ravaillac date de trois mois – pose la première pierre de ce qui sera le Pavillon du Roi. Nom parfaitement justifié : Louis XIII y passera une grande partie de sa jeunesse. Lui et surtout Richelieu reprennent l’idée de Louis XI. Le donjon avait vu passer quelques prisonniers de qualité mais le règne du grand cardinal inaugure la période des captifs de grande classe.

D’abord, le prince Henri II de Condé, père de la fameuse duchesse de Longueville qui, d’ailleurs, verra le jour à Vincennes, sa mère ayant obtenu permission d’accompagner son père. Ensuite, les Vendôme, Alexandre et César, bâtards d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, le maréchal d’Ornano qui y meurt ainsi qu’Alexandre de Vendôme dans des conditions qui laissent flotter une senteur de poison. Le maréchal de Puylaurens qui a le même sort. On parle, même, mais à mots couverts, de certain cachot qui vaudrait « son pesant d’arsenic ».

Plus grands encore sont les prisonniers issus de la Fronde : le fameux duc de Beaufort, le roi des Halles, fils de César de Vendôme, qui s’évade, après trois ans de captivité, à l’aide d’une échelle de corde cachée dans un énorme pâté. Puis de nouveau des Condé : le plus grand d’abord, le fameux vainqueur de Rocroi, son frère Conti et son beau-frère Longueville. Et pour finir, en 1652, le trublion majeur de la Fronde, le fameux cardinal de Retz.

Revenu au pouvoir, Mazarin songe que Vincennes pourrait lui rendre de grands services, ne fût-ce que pour y abriter ses trésors mais sachant qu’il ne peut s’annexer un domaine royal pour lui tout seul. Il achève le Pavillon du Roi, fait élever celui de la Reine – le tout par Le Vau – et projette un parc magnifique avec jeux d’eaux et cascades qui rejoindraient la Seine. La mort ne lui laisse pas le temps de réaliser ce grandiose projet. Et c’est à Vincennes qu’il meurt, le 8 février 1651, au rez-de-chaussée du Pavillon du Roi (aujourd’hui Archives des armées, le Pavillon de la Reine enfermant celles de la Marine). On sait que Louis XIV préfère Saint-Germain et surtout Versailles qu’il a déjà en tête. Il trouvera tout de même le donjon assez bon pour recevoir le surintendant Fouquet arrêté après sa trop somptueuse fête de Vaux et qui va y attendre son procès en compagnie de son gardien particulier, d’Artagnan, capitaine-lieutenant des mousquetaires.

C’en est fini des pompes royales à Vincennes. Un temps résidence de souverains étrangers de passage, il restera prison puis accueillera toutes sortes d’avatars : fabrique de porcelaine, école de cadets. Parmi les prisonniers de marque : Diderot, Mirabeau, tout plein de sa passion pour Sophie de Monnier, le fameux Latude, recordman du monde de l’évasion qui s’en va, un jour, par la porte.

La Révolution transforme le château en poudrière et enferme au Pavillon du Roi les filles de joie. Mais l’heure du drame approche. Celui dont Talleyrand, qui n’en est pas tout à fait innocent, dira : « C’est plus qu’un crime, c’est une faute. »

Au soir du 20 mars 1804, vers cinq heures et demie, une voiture fermée enveloppée d’un escadron de cavalerie pénètre dans la cour du château. Elle renferme un jeune homme de trente-deux ans. C’est encore un Condé. C’est même le dernier.

Louis-Antoine-Henri de Bourbon-Condé, duc d’Enghien, a été enlevé cinq jours plus tôt, au mépris de tout droit et au prix d’une violation de frontière, à Ettenheim, petite ville de la Forêt-Noire où il menait une vie paisible en apparence auprès de celle qu’il aimait et dont on disait qu’il avait fait son épouse morganatique en dépit de l’opposition du vieux Condé. Charlotte de Rohan, nièce du célèbre cardinal de Rohan, héros de l’affaire du Collier2, donne asile au jeune couple. L’enlèvement, dirigé par le général Hulin, a été ordonné par Bonaparte qui voit, dans le prince, le centre actif de toute l’agitation royaliste.

Quand il pénètre à Vincennes, Enghien ignore qu’il va mourir. Comment l’imaginerait-il ? Prisonnier politique, soit ! mais de là à imaginer qu’on va, quelques heures plus tard, sans même l’ombre d’un jugement, le fusiller dans un fossé boueux et l’y enterrer séance tenante, il y a un monde. C’est pourtant ce qui se produit. Réveillé à minuit dans le Pavillon du Roi où il a été installé, le prince, après un semblant d’interrogatoire, est conduit dans les fossés de Vincennes et passé par les armes. Il est alors deux heures trente. Le corps sera enterré sur place. Bonaparte n’a même pas accordé à sa victime l’audience qu’elle réclamait.

Quatre ans plus tard, en 1808, Napoléon, Dieu sait pourquoi, fera raser les tours de Vincennes à la hauteur de la cour, n’épargnant que le donjon et la tour du Village. Peut-être était-il gêné par cet antique symbole de la puissance royale ou par un souvenir plus récent ? Il faudra attendre 1816 pour que le corps du jeune duc d’Enghien soit tiré de son fossé et enterré dans la Sainte-Chapelle sous le mausolée de Bosio où il se trouve toujours. Mais, entre-temps, Vincennes a vécu une belle page de gloire.

En 1814, le gouverneur, c’est le général Daumesnil qui a perdu une jambe à Wagram. L’Empire s’écroule mais Vincennes, qui renferme encore une grande quantité de poudre, d’armes et de munitions, n’a pas cessé de se défendre avec acharnement. Et tandis que Marmont capitule à Belleville, Daumesnil réussit à faire rentrer encore d’autres armes.

Désespérant d’en venir à bout, les Alliés lui envoient un ambassadeur pour le prier de rendre sa forteresse.

« Je vous rendrai Vincennes quand les Autrichiens me rendront ma jambe ! » déclare Daumesnil, et comme l’autre insiste, menaçant de bombarder le château, il ricane : « Je ferai tout sauter avec vous et si je vous rencontre en l’air, je ne réponds point de vous égratigner. »

Il faudra l’abdication de l’Empereur pour convaincre l’héroïque mutilé des droits que Louis XVIII a désormais sur le château. Pour le punir de sa résistance, on lui offre un exil à peine déguisé à Condé. Mais Louis-Philippe, devenu roi, rappellera Daumesnil et c’est à Vincennes que finalement il mourra du choléra.


Horaires d’ouverture

Du 2 mai au 31 août 10 h-18 h Du 1er septembre au 30 avril 10 h-17 h

Fermé le 1er janvier, le 1er mai, les 1er et 11 novembre et le 25 décembre.

http://www.chateau-vincennes.fr/


1- Voir Château-Gaillard.

2- Voir Saverne.

Загрузка...